Le Président de l’ART, Paul Champsaur vient de justifier, pendant un interview accordé au quotidien Les Echos, la hausse de 23% du prix de l’abonnement fixe à France Télécom, suivant en cela les recommandations gouvernementales qui soutiennent à bout de bras l’opérateur historique sur un marché qui a pourtant, en théorie, était ouvert massivement à la concurrence depuis des mois. En pratique, l’abonnement mensuel pour une ligne fixe va passer début mars 2005 à 13,99 euros, puis le 1er juillet (dans le train d’augmentation classique à cette date) à 15 euros, avant de s’envoler à 16 euros mais deux ans plus tard, soit le 1er juillet 2007. Argument mis en avant par P.Champsaur : si l’Autorité de Régulation des Télécoms s’est déclarée favorable à une telle hausse de l’abonnement c’est qu’elle a souhaité « rattraper l’inflation, en se fondant sur une comparaison avec les voisins européens » (sic).
Et puis il évoque une contrepartie accordée aux consommateurs, sous la forme d’une baisse de tarif concernant les communications sur téléphones fixe : – 26% étalée sur 4 ans (on sait ce qu’en pensent les organisations de consommateurs, l’UFC Que Choisir en tête). A peine confirme t’il que l’avantage induit par cette baisse compensatrice profitera au premier chef à « ceux qui téléphonent beaucoup ». Et il admet dans la foulée que « ceux qui téléphonent peu vont y perdre »… C’est-à-dire les personnes âgées, les jeunes et les fauchés, bref tout ceux qui ont peu de moyens…
Mais le Président de l’ART retrouve très vite ses esprits et affirme péremptoirement, comme s’il était un dirigeant de France Telecom : « C’est la première fois depuis 2000 que les clients au tarif de base, probablement ceux qui ne font pas jouer la concurrence, bénéficieront d’une baisse des tarifs des communications. ». C’est vrai, mais à quel prix ! Seuls sont donc concernés par cette baisse tarifaire des appels fixes les clients fidèles de France Telecom (décidément la fidélité ne paye pas…). Ceux-ci représentent grosso-modo 40 à 42 % des abonnés fixes en France. Les autres abonnés, ceux qui ont choisi l’une des diverses options tarifaires de FT (en gros 40% d’entre eux) ou qui sont passés à la concurrence ont toujours leurs yeux pour pleurer…
Pourquoi la concurrence justement se sent-elle lésée ? Tout simplement parce qu’elle est perdante. En signe de bonne camaraderie sur un marché livré aux loups, avec pour seul berger l’opérateur historique omniprésent et souvent omnipotent, elle était prête à accepter cette nouvelle épine dans leur pied. Mais encore eut-il fallu que l’ART accède aux demandes des opérateurs « alternatifs » souhaitant que le tarif de gros du dégroupage intégral baisse à 7 euros par mois…
Lasse, l’ART en a décidé autrement et a choisi de maintenir le prix du dégroupage total à 9,50 euros par mois. Argumentation de Paul Champsaur, toujours dans la même interview des Echos : « Ce tarif est proche voire inférieur aux coûts comptables historiques de France Télécom. Il est donc trop bas ». Trop bas, bien que l’ART est réaffirmé qu’à 9,5 euros, le tarif était à son plafond et qu’il n’y aurait pas de hausse à l’horizon de 3 ans. Paradoxe, quand tu nous tiens…